Les pionniers du Hohneck

Bonjour à tous,

Dans un journal datant de 1990, j'ai lu un article retraçant la vie extraordinaire de France BERNEZ dont les parents se sont installés au sommet du Hohneck au début du siècle dernier.
En voici le résumé que je vous invite à lire.

A l'époque, il n'y avait pas de chemin pour se rendre au sommet du Hohneck, ce qui n'empêchait pas les gens d'y parvenir pour admirer la vue et respirer l'air pur.

Philippe et Marie BERNEZ de La Bresse y allaient régulièrement avec leurs trois enfants.

" La-haut, il n'y avait rien pour boire et casser la croûte, raconte France. Un jour, mes parents ont l'idée d'acheter un bout de terrain au sommet pour y construire un abri. Ils en font la demande au Maire de La Bresse qui accepte aussitôt. Quelques semaines plus tard, grâce à un ami charpentier, le premier abri du Hohneck est sur pied.

J'y suis née quelque temps après, faisant la joie de mes trois aînés et de mes parents.

Maman ne pensait qu'à son commerce. La clientèle était principalement allemande et alsacienne. Pour améliorer les contacts avec celle-ci, elle m'avait envoyé dans une famille alsacienne de Muhlbach, propriétaires d'un restaurant, pour apprendre le dialecte. J'avais 9 ans.
Au bout de trois années passées à Muhlbach, je savais parler parfaitement l'alsacien et l'allemand, il a fallu que je réapprenne le français !!!

Ce "stage de langue" a été bénéfique pour moi, et les affaires familiales ont marché de mieux en mieux.

On avait une bonne réputation dans la région. Les gens savaient que tout là-haut, on pouvait boire et manger. Alors, ils sont venus de plus en plus nombreux, et, petit à petit, l'abri s'est agrandi pour devenir un restaurant avec les chambres.

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"Un matin, papa est rentré brusquement dans la maison en disant "C'est la guerre !".

Il avait repéré une cohorte de soldats à flanc de montagne, en face du Hohneck, et c'est en constatant qu'ils étaient en tenues de combat qu'il en a déduit que le conflit était engagé.

Voilà comment nous avons appris la nouvelle..."

France n' a qu'une quinzaine d'années en 1914, mais son caractère résolu et courageux transparaît depuis longtemps sous ses traits de grande jeune fille décidée.

Entre temps, la famille abandonne le Hohneck pour la première fois depuis leur installation. Ils se réfugient à La Bresse jusqu'à la fin des hostilités.

Ils retrouveront leur restaurant entièrement détruit.

"Nous n'allons quand même pas rester en bas...!"

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"Il faut l'avoir vécu pour le croire...Mais un hiver au sommet du Hohneck, c'est terrible, déclare France.
Au début de notre installation, la foudre est tombée dans la maison, en plein hiver...Heureusement, une de mes soeurs qui était très peureuse a ouvert une fenêtre pour crier au secours ( mais qui aurait bien pû l'entendre ?), et la foudre s'est échappée par là...L'éclair, au passage, en a blessé plus d'un...

Ma soeur était sauve, mais papa, maman et les autres enfants étions tous brûlés ! Surtout maman, la pauvre, de la poitrine jusqu'aux pieds.

Le garde forestier de Retournemer était avec nous. C'est lui qui est descendu à pied à la Schlucht, en pleine neige. Il était brûlé sur tout le corps. Des gens qu'il a trouvés là-bas ont alerté l'armée qui est arrivée quelques heures plus tard, en raquettes, pour nous évacuer sur des brancards vers l' hôpital de Gérardmer.

On en a parlé jusqu'à Paris de cette catastrophe là...Nous paraissons sur un dessin de " L'illustration". Un de ces soldats m'a descendue dans la poche de sa capote. Je n'avais même pas deux ans..."

Après une expérience pareille, beaucoup aurait laissé tout tomber. Ce n'est pas le cas de la famille BERNEZ qui fait preuve de courage et de ténacité.

" Il en faut pour oser remonter vivre au Hohneck !

Boire la neige en hiver, puiser l'eau à la source à 500 mètres de là en été. Passer des journées à remonter nourriture et boissons sur des attelages de 6 chevaux parfois, toujours prêts à verser."

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Patriote dès son plus âge, France fait partie de la Résistance au cours du second conflit. Elle raconte en toute simplicité et sans aucune prétention quelques uns de ses actes de bravoure pour sauver des vies humaines de la barbarie ennemie.

"Le Hohneck, La Bresse, le Ballon d'Alsace, c'était mon secteur. Je partais du Ballon sur un vieux vélo jusqu'à La Bresse. Là, je montais à pied jusqu'au Hohneck et je récupérais les gars cachés là-haut pour les faire redescendre sur La Bresse où ils étaient pris en charge par un ami. Tout cela de nuit, et à la barbe des Allemands qui patrouillaient dans le secteur...".

Et la peur dans tout ça ?

"J'ai vraiment eu des suées froides, quand j'ai été un jour prise par un officier allemand et ses hommes. Je venais tout juste de faire filer trois Français sur La Bresse.
Pendant deux heures, je suis restée avec le canon du révolver de l'officier appuyé derrière l'oreille pendant que ses hommes fouillaient les environs...Au bout d'un moment, ils sont partis...Je n'ai jamais essayé de savoir pourquoi ils étaient venus, j'avais eu trop peur".

Ces enfants ont, eux aussi, apporté leur contribution à la Résistance.

"Ils faisaient office d'agents de liaison. On a combattu comme on a pu, mais toujours avec enthousiasme. C'était pour La France...!".

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France BERNEZ s'est mariée en 1921 avec M. BERTRAND. Celui-ci travaillait alors dans l'entreprise familiale de fabrication de boîtes de fromages, créée par son père.
Prisonnier pendant la guerre, il est revenu à La Bresse ensuite. Malheureusement, il y décède quelques années plus tard.

Quant à France, elle remonte régulièrement voir "son" Hohneck. Une caravane a été installée près du restaurant "Au Pied du Hohneck" que tient son fils. Elle y passe tout le temps qu'elle peut, et elle peut car elle bénéficie d'une forme extraordinaire pour son âge ! (90 ans en 1990).

"Grâce à l'air pur !" comme elle dit.

Au sommet de la montagne, où France a grandi, le restaurant est toujours là.

Le Hohneck, c'est l'un des grands amours de sa vie, parmi bien d'autres, d'ailleurs.

"L'armée a été mon grand amour aussi, et puis le commerce et...les voitures.

En 1955, j'ai passé dans la même semaine, mon permis pour la voiture, un permis pour les camions, et un troisième pour les transports en commun. Quant aux réparations, pas question d'aller chez le garagiste, c'est bien trop cher. Je réparais moi-même !

Mais maintenant avec l'âge, je suis plus sage. J'ai dû arrêté tout çà, comme le fleuret, la boxe française que m'avait appris mon papa...!

C'était pas des trucs de femme, mais je ne suis pas une femme...Mon Dieu ! Quand j'en vois qui brodent...ou qui tricotent...!".

Gaëtane.

Je ne connaissais pas l'historique de ce restaurant. Merci Gaëtane.

jacques a écrit:

Je ne connaissais pas l'historique de ce restaurant. Merci Gaëtane.

Moi également, et pourtant je suis originaire de La Bresse